Rectifions les faits


Conflit à l’UQAC : une rectification des faits


«Ceux qui se plaisent à crier haut et fort sur toutes les tribunes que la direction de l’Université bafoue la démocratie, qu’elle brime le droit de l’étudiant de manifester, qu’elle force le retour en classe de ces derniers et qu’elle refuse de discuter, font non seulement de la récupération politique douteuse, mais contribuent à envenimer un débat déjà trop émotif avec des allégations gratuites et sans fondements.»
Michel Belley, recteur de l’UQAC, le lundi 2 avril 2012


Chers, chères collègues,



Comme vous le savez, des événements déplorables se sont produits jeudi dernier. Indignés par le recours à la force policière, nous avons réagi en faisant circuler une lettre pour laquelle nous vous invitions à donner votre appui. Vous pouvez d’ailleurs constater, sur le site http://indignationuqac.blogspot.ca/, que les appuis sont nombreux.

Une légende commence à se répandre depuis l’intervention policière, à l’effet que cette dernière aurait été justifiée par l’occupation du 7e étage, par les craintes manifestées par les employé-e-s face à une meute d’étudiants. Par un procédé retors, on confond allégrement les causes et les conséquences. Si les étudiants ont décidé de faire un sit-in au 7e étage, c’est en réaction à l’utilisation abusive de la force policière à l’heure du midi. Les étudiants ont été provoqués et ont réagi.


La direction de l’UQAC cherche à justifier son geste et persiste dans son obstination à recourir à la force. Elle fonde son argumentation sur le rejet de la grève générale illimitée par le MAGE-UQAC. Pourtant, nous n’avons pas entendu dire que les grèves de modules et d’unités de programme étaient rejetées : le vote n’a pas porté là-dessus. D’ailleurs, plusieurs modules étaient déjà en grève avant le vote tenu par le MAGE-UQAC. En ce qui concerne la légitimité des votes de grève dans les différents modules et unités de programme, nous devons rappeler que ces derniers forment les cellules de base de la démocratie dans le réseau de l'Université du Québec. Les associations étudiantes sont d’abord et avant tout constituées sur la base des modules. Elles ont toute légitimité pour entreprendre les actions politiques qu’elles jugent nécessaires pour la défense de leurs intérêts. Qui plus est, la grève n’est pas imposée aux étudiant-e-s des modules et unités de programme qui ne l’ont pas votée et les cours concernés ne sont nullement perturbés par le piquetage des étudiant-e-s grévistes. Par ailleurs, le même procédé est employé dans les grandes universités: aucune n'est totalement en grève. Si tous les étudiant-e-s universitaires étaient obligés de se conformer au principe d'un vote global, aucune université d'importance ne serait perturbée. Enfin, pourquoi la direction se croit-elle tenue de faire respecter le résultat du vote au MAGE-UQAC? Ce dernier le lui a-t-il demandé? D’après la lettre du recteur et les étudiants que nous avons consultés, cela ne semble aucunement être le cas.


On nous a reproché d’avoir affirmé, dans notre lettre et dans nos interventions médiatiques, que le retour en classe serait forcé alors que ce ne serait pas là l’intention de la direction. Nous savons bien que les étudiants opposés au dégel ne seront pas ramenés en classe par la contrainte physique ou légale. Mais si les cours se donnent, tous les étudiants grévistes seront tenus d’y assister sous peine de conséquences sévères sur le plan individuel! Quel étudiant osera boycotter des cours qui se donnent malgré tout, suite à une intervention judiciaire ou policière? C’est pour cela que nous considérons qu’un retour en classe «par la force» – qu’il ne faut pas prendre au premier niveau comme l’a fait le directeur des communications –  serait, à nos yeux, contre-productif. Dans un tel contexte, la volonté du recteur de «prendre les moyens afin de garantir aux étudiants et aux employés un environnement sécuritaire et harmonieux» au moyen de la contrainte ne permettra certainement pas d’obtenir «un climat propice à l’apprentissage et au travail».

Dernière chose : qui fait de la «récupération politique douteuse» dans ce conflit? Les collègues qui  n'ont aucun bénéfice personnel à attendre en défendant publiquement les valeurs de libre pensée? En ce qui nous concerne, la récupération politique douteuse qualifie bien davantage les gestes d’un recteur qui, après s’être prononcé en faveur de la hausse des droits de scolarité, n’hésite pas à utiliser l’intimidation et la répression pour casser le mouvement étudiant. Jean Charest voudra sûrement lui décerner une médaille.

Michel Roche
Jacques Cherblanc


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